Etablissement Séricicole des Bergeries de Sénart.

Extrait de l’ouvrage ‘’Vigneux-sur-Seine   Etude Historique’’

de Robert Chodron de Courcel

Imprimerie Charles Hérissey 1928  p.155

Dans la première partie du XIX· siècle une œuvre à la fois agricole et industrielle a été entreprise à Vigneux; si elle n'a pas duré, il n’y en a pas moins eu là un essai dont le souvenir mérite d'être rappelé.

L'industrie de la soie en France avait alors à faire face à une forte concurrence, notamment de la part de l'Angleterre. Le Gouvernement de la Restauration, afin de protéger une industrie dans laquelle la France s'était acquis la première place, encou­ragea la culture du mûrier et l'éducation des vers à soie dans des régions mêmes où le climat semblait peu favorable à une pareille tentative.

C’est ainsi que le Roi Charles X fut amené à consacrer à la culture du mûrier le domaine des Bergeries acquis en 1826 par le Domaine de la Couronne.

Dans un rapport adressé au Roi, le baron de la Bouillerie, Ministre d'État et Intendant général de la Maison du Roi, indiquant que pour encourager le mouvement séricicole en France, le Roi devait donner l'exemple, s'exprimait ainsi:

« J’ai pensé, Sire, que le domaine des Bergeries, enclavé dans la forêt de Sénart et que V. M. est sur le point d'acquérir par voie d'échange du sieur Didelot, serait très propre à faire des essais de ce genre. M. Camille Beauvais, connu par ses connaissances et ses travaux agricoles, déjà attaché à la Maison du Roi comme inspecteur des troupeaux de la Couronne et qui présente d'ailleurs toutes les garanties désirables se chargerait de diriger l'entreprise à ses risques et périls1 ».

Au mois d'avril 1826, le Roi approuva les propositions de M.de la Bouillerie : M. Camille Beauvais s’installa aussitôt aux Bergeries dont la location lui fut donnée pour 27 années par un bail du 23 mai 1828.

Il sortirait du cadre de cette étude de décrire les travaux exécutés par Camille Beauvais pour la culture des mûriers, les procédés qu'il employa pour l'éducation des vers à soie, Son œuvre a fait l’objet de nombreux rapports et d'articles publiés dans les Annales de la Société Séricicole, société fondée en 1837 et dont il fut le vice-président. Le 17 juin 1838, le Comice agricole2 de Seine- et-Oise fut tenu à la ferme des Bergeries sous la présidence du duc d'Orléans.

L'établissement créé par Camille Beauvais était appelé:

« Ferme modèle pour la culture du mûrier et l'éducation des vers à soie. Pépinière de mûriers A Rouvres, par Villeneuve ­Saint-Georges (Seine-et-Oise) ».

Et sur le papier à lettres portant cet en-tête, se lisait égale­ment la devise : Ubique Yivax, Ces mots exprimaient bien la confiance de Camille Beauvais dans l'acclimatation du mûrier dans des régions réputées jusqu'alors comme trop froides pour la production du vers à soie.

M. Camille Beauvais professait des cours de sériciculture aux Bergeries. Il fut conseiller municipal de Vigneux.

A son exemple, des mûriers furent plantés tant à Vigneux que dans les environs; à Vigneux, par M. Jean-Baptiste Rhenon Ossian Verdeau fondateur de la « Société Agricole pour la production de la soie », locataire de la petite ferme de Noisy en 1834 et dans les années suivantes, par le Chevalier Denière-Christophe, par M. Beynaud sur les terres de Noisy où 20 hectares furent couverts par 230.000 mûriers; à Montgeron, par MM, Isidore Christophe et de Betz; à Villeneuve­-Saint-Georges, par M. Tavernier; à Valenton, par M Frédéric de Boullenois, secrétaire de la Société Séricicole; à Brunoy, par M Calmette ; à Longpont, par le duc de Maillé; à Morsang-­sur-Orge par le comte Ferdinand de Berthier ; à Ris, par M. Henri Bourdon, par le chevalier Soulange-Bodin, fondateur de l'« Institut royal horticole» de Fromont4.

Cependant l'entreprise séricicole des Bergeries ne donna pas les résultats escomptés Après la mort de Camille Beauvais, l'établissement qu'il avait fondé cessa de fonctionner En 1854, une transaction mit fin au procès qui s'était élevé entre les héritiers de Camille Beauvais et la Liste Civile. Celle-ci reprit possession du domaine des Bergeries; le 18 juin 1854, le matériel et les ustensiles de la Magnanerie des Bergeries furent vendus aux enchères.

Les mûriers qui subsistent à l’entrée du chemin de Mousseau, le nom de la Magnanerie porté par la propriété située en bordure de ce chemin, en face de l'Arbre de la Liberté, rappellent encore les tentatives faites à Vigneux et dans la région environnante pour y implanter l'industrie séricicole.

Avant destruction le 1er Novembre 2014

1) Extrait de l’ouvrage de 1928 « Vigneux-sur-Seine »  « Etude Historique »  

 2) Archives Départementales de Seine-et-Oise, Papiers de l'Administration de l’Enregistrementet des Domaines.

3) Comice Agricole :réunion des cultivateurs d’une région pour le développement de l’agriculture.

4)Voir les Annales de la Société Siricicoleet Frédéric de BoulIenois,Conseils aux nouveaux Educateurs de

   Vers à soie. Parls, Bouchard-Hazard. Ivol 13emeédition, 1875

Nota : On s’étonnera quand même de L’historien n’ait pas cité dans la liste des commune où les mûriers était implantés la Ville de Draveil où les mûriers furent planter en grand nombre également et pour cause car le domaine des Bergeries était implanté sur les deux communes de Draveil et Vigneux , d’ailleurs il existe encore aujourd’hui à Draveil la rue des Mûriers.