Sainte-Hélène, lieu de mémoire

   Le jeudi 12 février, salle Daniel Féry à Vigneux, Jacques Macé, historien draveillois, spécialiste de la période napoléonienne, présentait - projections à l'appui - le voyage pèlerinage qu'il a effectué en avril 2003 à Sainte-Hélène avec une trentaine d'<< Amis de Malmaison >> parmi lesquels les comtes de Waleswski, descendants de l'Empereur, et la princesse Murat.

  Un bien long voyage ! L'île, en effet, dresse sa masse sombre et hostile en plein océan Atlantique, à six jours de bateau du cap de Bonne Espérance, et elle est dépourvue d'aéroport.

  Débarqué en rade de Jamestown à l'aide d'une chaloupe, le visiteur nous fait suivre - ou presque - le chemin emprunté par l'Empereur jusqu'à sa résidence forcée de Longwood. Ainsi, nous remarquons les rues de la petite ville, un escalier de quelque 700 marches et des demeures de différents styles. Et aussi l'aspect désolé de certains lieux et luxuriant de certains autres. Enfin, nous visitons la maison de Longwood, située sur un plateau exposé aux vents, aux averses et à la brume. Une maison composée d'un salon, d'une bibliothèque, d'une salle à manger, d'une chambre à coucher et d'un cabinet d'études. C'est là où le célèbre prisonnier se morfondit avant d'y mourir.

  Les lieux actuels ne sont guère différents de ceux de 1821 : le billard, la table de la salle, la bibliothèque, la baignoire de cuivre où l'Empereur a passé tant d'heures et le lit de camp où il est mort sont à la même place. Et les jardins, avec le bassin en forme impérial, couvert de nénuphars, rappellent ce qu'ils étaient en 1821 (grâce à Monsieur Martineau, consul honoraire de France à Sainte-Hélène).

 Jacques Macé nous fait part de ses impressions sur les différents sites qui font désormais partie du domaine français de Sainte-Hélène : la vallée de la Tombe, bien sur, romantique à souhait avec, au bout d'un petit chemin, une tombe nue couverte d'une dalle de ciment armé et entourée d'une grille. Des sites ayant tous un rapport avec la captivité de Napoléon : les Briars, où il a vécu quelques semaines ; la vallée du Pêcheur, ou il se promenait ; Maldivia où il rendait visite au francophile major Hodson...

  Il évoque aussi les personnages qui ont entouré l'illustre prisonnier : la famille Montholon, le général Gourgaud, le docteur O'Meara, Las Cases et bien d'autres...

  En fin, pour conclure ce beau voyage initiatique dans ce lieu de mémoire, notre conférencier nous présente un film vidéo. Un document que tous, nous allons regarder et écouter << religieusement >> : un commentaire sublime de Chateaubriand (sur un fond musical d'œuvres de Beethoven) tiré des << Mémoires d'Outre-Tombe >> dont on se doit de restituer quelques extraits :

<< Aucun homme de bruit universel n'a eu une fin pareille à celle de Napoléon. Aigle, on lui donna un rocher à la pointe duquel il est demeuré au soleil jusqu'à sa mort, et d'où il était vu de toute la terre...
   Jean de Nova, navigateur portugais, s'était égaré dans les eaux qui séparent l'Afrique de l'Amérique. En 1502, le 18 août, fête de Sainte-Hélène, mère du premier empereur chrétien, il rencontra une île... Il y toucha et lui donna le nom du jour de la découverte.
   Le climat de lîle est sain mais pluvieux : ce donjon de Neptune, qui n'a que 7 à 8 lieues de tour, attire les vapeurs de l'océan. Le soleil de l'équateur chasse à midi tout ce qui respire, force au silence et au repos jusqu'aux moucherons, oblige les hommes et les animaux à se cacher.
   Napoléon espérait sa délivrance des mouvements politiques de l'Europe. S'il eut vécu jusqu'en 1830, peut-être nous serait-il revenu ; mais qu'aurait-il fait parmi nous ? Il eut semblé caduc et arriéré au milieu des idées nouvelles. Jadis sa tyrannie paraissait liberté à notre servitude ; maintenant sa grandeur paraîtrait despotisme à notre petitesse...
   Le 3 mai 1821, Napoléon se fît administrer l'extrême onction et reçut le saint viatique... Enfin, le 5, à six heures moins onze minutes du soir, Bonaparte rendit à Dieu le plus puissant souffle de vie qui jamais anima l'argile humaine...
   Alexandre ne mourut point sous les yeux de la Grèce ; il disparut dans les lointains superbes de Babylone. Bonaparte n'est point mort sous les yeux de la France ; il s'est perdu dans les fastueux horizons des zones torrides. Il dort comme un ermite ou un paria au bout d'un sentier désert. La grandeur du silence qui le presse égale l'immensité du bruit qui l'environna. Les nations sont absentes, leur foule s'est retirée. Où se repose-t-il aujourd'hui ? Il se repose sur des cendres dont le poids a fait pencher le globe... >>.

   Cette année 2004 commémorera le bicentenaire de l'avénement du 1^er Empire, une époque brève et marquante de notre histoire.

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Deuil

   Marguerite Chenel est décédée le 3 mars 2004. Maguy était la doyenne de notre association, à laquelle elle avait adhéré, avec sa sœur Solange, en 1989, quelques mois après sa création.

   Nous l'avons accompagné à sa dernière demeure, le cimetière de Vigneux, le 9 mars dernier. Nous présentons à sa famille nos sincères condoléances.

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Sicile, carrefour des civilisations

   Le mardi 23 mars, à la Maison des Associations de Draveil, Annick Fort nous emmenait en voyage pour découvrir la Sicile, images à l'appui. Elle nous a livré ci-dessous la substance de son exposé.

 Ce caillou lancé dans la Méditerranée à la pointe de la botte italienne a subi un destin tragique dû aux soubresauts de la terre (tremblements, volcanisme) et aux invasions successives.

  Bien qu'occupée dès le Néolithique par les Sicanes et les Sicules, c'est à partir du VII^ème siècle, avec l'arrivée des Phéniciens, des Carthaginois et surtout des Grecs qui fondent des colonies, que les premières cités apparaissent. Des temples de style dorique sont dédiés aux principaux dieux ( Zeus, Apollon, Héraklès, Athena, Demeter...).

   Ils sont souvent immenses comme à Agrigente, inachevés comme à Ségeste, très ruinés comme à Sélinonte, mais tous d'une grande pureté. Des théâtres répondent au goût du spectacle, et aussi au besoin de réunion, comme à Ségeste, à Syracuse et à Taormina suspendue au dessus de la baie.

   Ces cités étaient souvent en conflit, se détruisaient, se plaçaient sous la protection provisoire de tyrans comme Timoléon, Empédocle à Agrigente, Denys à Syracuse ou les << Latomies >>, grottes naturelles à l'effet acoustique étonnant, garde la légende. Syracuse recèle d'autres curiosité comme l'île d'Ortygie, la Fontaine d'Aréthuse et la cathédrale englobant un ancien temple grec.

   La période romaine a laissé des temples, des théâtres et amphithéâtres, ainsi que des villas au sol couvert de mosaïques : A Piazza Armerina, des scènes aux tons vifs, au réalisme plein de fraîcheur, font penser à la grande période des mosaïques carthaginoises.

   Aux Romains succèdent les Arabes dont la culture, très savante, a laissé peu de vestiges construits. A partir du XI^ème siècle, le Pape et les seigneurs du sud de l'Italie font appel à des mercenaires du Duché de Normandie. La famille de Hauteville s'illustre, crée une dynastie qui va régner sur l'île pendant plus de deux siècles. Les Normands apportent l'art roman et acclimatent les mosaïques byzantines à fond d'or dans leurs palais et les églises somptueuses. Après le passage au XIII^ème siècle de deux seigneurs sanguinaires, Frederik de Hohenstaufen, puis Charles d'Anjou (cf. Les Vèpres siciliennes), la dynastie espagnole des Aragon gardera l'île pendant trois siècles. Celle-ci passera ensuite à la Maison de Savoie, puis à l'Autriche, avant de devenir italienne.

   Le XVII^ème siècle voit l'épanouissement de l'art baroque, grandiose, théâtral, dans les fontaines monumentales, les couvents. Les églises sont chargées de porter les messages de la Contre-Réforme, leurs façades ondulent et s'animent (San Giorgio de Raguse). Les palais se couvrent de balcons en fer forgé soutenus par des sculptures exubérantes. Le phénomène est amplifié par la nécessité de reconstruire des villes après les terribles tremblements de terre de 1693 : Noto est une nouvelle ville répondant aux critères de clarté, de perspectives, mais Catane se reconstruit sur ses ruines. La ville, sans cesse détruite par les séismes, les éruptions de l'Etna (cet antre de Vulcain et des Cyclopes !), est devenue le symbole de l'opiniâtreté des hommes face aux catastrophes de la nature. << Nous, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortels >> disait Paul Valéry. La Sicile ne le contredit pas.

   Enfin, suivant les conseils astucieux de notre amie Monique Vaas
<< Promenez-vous à Marsala...
A Cefalu..., que vous ravisse
Agrigente, à moins qu'à Gela
Un grand froid ne vous assagisse !
Sinon, grimpez jusqu'à l'Etna :
Que votre courroux y périsse !

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Au paradis des oiseaux

   Le jeudi 29 avril, une bonne trentaine d'adhérents de notre association se retrouvent au petit matin pour une journée sur un thème précis : les oiseaux. Qui, en effet, hormis les spécialistes d'ornithologie, peut se vanter de connaître tous ces petits êtres qui nous côtoient chaque jour ?

   Aujourd'hui, nous comptons avoir une certaine réponse. Pour cela, nous avons prévu de la chercher en un endroit privilégié de notre pays : la Baie de Somme. Cette baie, qui fut célébrée par Victor Hugo et Colette, est en effet un site naturel grandiose et l'un des plus fameux sites ornithologiques d'Europe. Elle offre le gîte et le couvert à une multitude d'oiseaux, dont de très nombreux migrateurs, car elle a une situation privilégiée : elle se trouve au carrefour de grands axes de migration entre l'Afrique, le bassin méditerranéen et les régions de l'Europe du Nord - Belgique, Pays-Bas, Scandinavie, pays baltes -.

   Ainsi, des milliers d'oiseaux y font escale deux fois par an : au printemps lorsqu'ils remontent au nord pour se reproduire, et de juillet à novembre quand ils rejoignent leurs lieux d'hivernage. Ce site est si vaste - plus de 7000 hectares - que nous ne pourrons évidemment découvrir en quelques heures toutes ses richesses, celles de la mer, de la terre et du ciel. Et nous nous limiterons à quelques découvertes qui devraient nous satisfaire.

   Nous abordons la Picardie (dont notre accompagnatrice nous raconte l'histoire étalée sur des siècles) dans la matinée. Après la traversée de la petite ville de RUE où nous remarquons quelques maisons de brique rouges typiques de la région, nous arrivons au parc du Marquenterre, un ensemble protégé de 200 hectares dans une réserve ornithologique de 3000 hectares.

   Ce parc est un lieu de prédilection pour les oiseaux migrateurs grâce à l'existence de garennes, de marécages, de dunes, de prés salés. Au cours d'une très agréable promenade de 1h30, notre guide va nous présenter toutes sortes d'oiseaux : cigognes blanches haut perchées, canards pataugeant ou couvant à quelques pas de nous, différentes sortes d'échassiers (aigrettes notamment), mais aussi des passeraux, tel le rossignol, l'hirondelle, le coucou, etc... Bref, des oiseaux dont 400 espèces existent en France et 230 en Baie de Somme. Nous pouvons les approcher (de loin cependant!) et les admirer à partir de postes d'observation aménagés sur le parcours.

  L'après-midi, après un excellent repas dans un restaurant du Crotoy avec vue imprenable sur la mer et l'immense plage qui nous fait face, nous allons découvrir la Maison de l'Oiseau, un remarquable musée où un guide très compétent nous présente de très nombreuses espèces d'oiseaux côtiers, marins ou autres, exposés dans des vitrines. Du plus gros - l'autruche - au plus petit - le colibri -, des limicoles aux passeraux.

   Après les bécasses, les canards souchets, les spatules blanches, les sternes, les tadornes de Belon, les mouettes rieuses, les macareux et les guillemots, nous allons en plein air admirer les rapaces : buses, faucons, vautours à capuchon ou à dos blanc, charognards vivant en clans dont le bec coupe comme un rasoir, hiboux et chouettes, aigles royaux et milans noirs qui se livrent à un véritable ballet aérien pour dévorer viande, insectes ou poissons.

   Enfin, nous remarquons l'extraordinaire serpentaire secrétaire avec ses plumes derrière la tête et ses hauts de patte noirs qui lui ont fait donner son surnom, car ils ressemblent aux manchettes de lustrine noire des anciens secrétaires, un bel oiseau rapide et gracieux se nourrissant de reptiles qu'il tue en les piétinant.

   Le temps a passé si vite que nous devons éviter l'arrêt prévu à Saint-Valéry-sur-Somme. Dommage !... Mais, en définitive, que de plaisir ! Un plaisir accru quand nous retrouvons la pluie au retour, alors que le soleil a brillé pour nous (et pour les oiseaux) tout au long de la journée.

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Visite à la Vallée aux Loups

   Le samedi 15 mai, par un beau temps ensoleillé, nous partons pour l'après-midi à Chatenay-Malabry. Nous comptons y entendre parler d'histoire et de littérature, bien sur, mais aussi y admirer les beautés de la nature. Car ce site abrite la maison de Chateaubriand, écrivain et homme politique célèbre du XIX^ème siècle, grand admirateur de la nature, passionné de botanique.

   Cette << maison de jardinier >>, comme il la dénommait - une construction de la fin du XVIII^ème siècle - il va la parer d'un portique soutenu par deux cariatides de marbre blanc, en décorer l'extérieur et aménager l'intérieur où nous remarquons, notamment, un magnifique escalier à double branche récupéré en Bretagne sur un bateau anglais démâté. C'est la résidence des << années apaisées >> (de 1807 à 1817), les plus heureuses de l'existence de François René, Vicomte de Chateaubriand, né à Saint-Malo en 1768.

   Chateaubriand, profondément marqué par son enfance bretonne au château de Combourg, par ses années d'errance à travers le monde, en Amérique, en Europe et en Terre Sainte, ainsi que par ses démêlés avec les grands de l'époque - l'empereur Napoléon et le roi Louis XVIII - va trouver dans ce lieu désert et dans l'ermitage de la Vallée aux Loups une qualité de vie et le calme nécessaire à l'écriture de plusieurs œuvres majeures, telles << Mémoires d'Outre Tombe >>, << Les Martyrs >>, << L'Itinéraire de Paris à Jérusalem >> et << Le dernier des Abencérages >>.

  Il y vivra, en compagnie de son épouse Célestre, et aussi de nombreux amis et amies (dont la célèbre Juliette Récamier) des années fécondes jusqu'en 1818 où, ruiné, il sera obligé de vendre ce domaine qui lui est cher. Le domaine passera aux mains de Mathieu de Montmorency, puis celles de la famille La Rochefoucault et du Docteur Le Savoureux. Il sera alors fréquenté par des personnages renommés, écrivains et hommes politiques (Paul Léautaud, Paul Valéry, Edouard Herriot, etc...). Il sera racheté en 1972 par le département des Hauts de Seine, restauré et ouvert au public en 1987.

   A l'intérieur de la maison, de pièce en pièce - toutes remarquablement meublées - notre conférencier nous retrace d'une manière très agréable et spirituelle la vie de l'immense auteur et homme politique qui fut secrétaire d'ambassade à Rome, ministre à Berlin et ambassadeur à Londres. Dans ces pièces, nous retrouvons de nombreux tableaux et gravures évoquant des sites et des personnages qui ont peuplé et marqué la vie de Chateaubriand. Une projection vidéo nous est ensuite proposée sur cette vie et sur l'histoire de la Vallée aux Loups.

   Après une pause consacrée à un agréable goûter dans l'Orangerie du domaine, nous allons visiter le parc. Celui-ci s'étend en longueur devant la maison et offre une perspective étonnante. Planté par Chateaubriand, il est en quelque sorte un miroir de sa chère Bretagne natale et de ses voyages dans le monde. On y remarque différentes espèces d'arbres et de fleurs - catalpas, cyprès, tulipiers, magnolias, platanes, cèdres, rhododendrons, crocus, cardamines, anémones, etc...

   Lors de notre promenade dans le parc, nous nous arrêtons pour jeter un coup d'œil curieux à l'intérieur de la tour Velleda (un rappel de druidesse gauloise des << Martyrs >>) où Chateaubriand s'isolait dans sa bibliothèque et son cabinet de travail.

   Nous rentrons en fin d'après-midi satisfaits de cette demi-journée de détente intelligente dans un site tout à fait remarquable de la banlieue parisienne.

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Voyage en Suisse

   Faute d'un nombre suffisant de participants, nous avons été contraints, à notre vif regret, d'abandonner notre projet de voyage en Suisse les 12, 13 et 14 juin prochains, au cours duquel étaient programmées, notamment, les visites de Genève, Lausanne, Gruyères et Fribourg et des croisières sur le lac Léman et le lac de Thoune.